Observatoire de la Sécurité des Médecins ( territoire national 2014)

Il s’agit ici de recenser les « fiches d’agression » remplies et transmises par les médecins victimes en sachant que certains actes n’ont pas voulu être dénoncés d’une part et que ces fiches revêtent un caractère facultatif

D’après le Congrès Ordinal du CNIT – La Défense  (IPSOS)  Avril 15

Rapporteur : Docteur Christian HUGUE


Force est de constater que malgré l’ambition uniquement de « soigner », de « secourir » ou d’ « apaiser », les médecins sont aussi les victimes d’une société qui dérive ,où les règles élémentaires sont bafouées , par intérêt du profit, recherche d’une violence gratuite proche de la barbarie, par revanche , vengeance ou défoulement sans maîtrise.
Il s’agit ici de recenser les « fiches d’agression » remplies et transmises par les médecins victimes en sachant que certains actes n’ont pas voulu être dénoncés d’une part et que ces fiches revêtent un caractère facultatif, mais qu’on pourrait y associer certaines plaintes particulièrement quérulentes qui s’apparentent pour beaucoup à un harcèlement , et ne sont donc pas comptabilisées ici.

 

Le nombre de déclarations reste très élevé en 2014 : encore 900 médecins agressés !


Le record de 2013 avec 925 fiches de signalement est de 901 entre le 1er janvier et le 31 décembre 2014.
Par rapport, à l’analyse sur 10 ans où la moyenne se situe à 707/an il représente donc une augmentation de 27 %, ce qui doit nous émouvoir !  Ainsi c’est 4.5 médecins sur 1000 qui sont agressés lors de leur pratique professionnelle soit 0.45 %.

Les sites d’agression :

1 - les cabinets des centres -villes sont de plus en plus concernés


Presque 57 % des accidents se sont produits en milieu urbain, en centre-ville plus exactement et dans le cabinet du médecin. 
 

2 - Sur le territoire National :


 Certains départements sont évidemment plus ciblés mais reste d’une année sur l’autre, globalement similaire. Le Nord avec 63 fiches pour l’année 2014,  puis les Bouches-du-Rhône 41 fiches, l’Isère (38), la Seine-Saint-Denis (35) et  la Loire (32). Puis le Rhône (32 déclarations), le Var (29), le Val-d’Oise (29) enfin Paris (27 fiches) et le Calvados (23) puis les 10 départements les plus touchés.

Les médecins-cibles de cette victimisation :


Les médecins généralistes sont, depuis 2003, les plus nombreux à remplir des déclarations d’incident. Cette tendance est une nouvelle fois confirmée cette année : ils représentent en 2014, 61% des personnes signalant de tels actes, un score en hausse de 3 points par rapport à l’année précédente,
Les femmes sont en 2014 légèrement surreprésentées parmi les médecins ayant déclaré un incident. Elles ont été à l’origine de 47% des fiches recensées alors qu’elles représentent (en 2014) 44% de la profession.
 

Les motifs de l'agression :


Dans la très grande majorité des cas (90%, stable), la victime de l’incident est le médecin lui-même.
Dans le détail, ce sont les agressions verbales et menaces qui sont moins nombreuses qu’auparavant, passant de 69% en 2013 à 65% en 2014. Les agressions physiques n’enregistrent en revanche pas de régression, elles représentent toujours 11% du total des déclarations d’incident. 
En ce qui concerne les atteintes aux biens, les vols et tentatives de vols restent stables (21% du total), alors que les actes de vandalisme reculent très légèrement (10%). Lorsqu’il y a eu un vol, il s’agissait le plus souvent d’objets « médicaux » (ordonnances et ordonnanciers, tampons professionnels) ou de valeur (sacs à main, portefeuilles et sacoches, argent, chéquiers, cartes de crédit).

On peut comparer les motifs d’agression assez stables d’une année sur l’autre :

Les suites de l'agression : malgré une légère amélioration, plus d'un incident sur deux reste sans suite légale !


Le taux d’interruption de travail à la suite d’un incident reste stable: 8% des incidents déclarés en 2014 ont donné lieu à une IT, dont 2% à une interruption supérieure à 8 jours.  

Enfin, plus de la moitié des médecins (52%) n’a pas donné de suite à l’incident dont il a été victime. C’est notamment le cas pour les incidents de type « agression verbale ou menace » (65%) qui semblent aujourd’hui banalisés aux yeux des praticiens. Plus surprenant encore, 25% des médecins ayant subi une agression physique n’ont pas donné de suite légale à l’incident. 

Sur l’ensemble des incidents recensés en 2014, environ un tiers (34%,) a été suivi d’un dépôt de plainte et 14% ou d’une main courante.  

Le Conseil de l’Ordre est très attentif à la sécurité des médecins, c’est l’une de ses missions principales : le soutien et l’entraide seront bien sûr les éléments d’accompagnement confraternels après l’agression et le Conseil de l’Ordre peut même se substituer au confrère, pour le dépôt de plainte ou le domicilier au siège du Conseil pour éviter toute forme de représailles.

 Mais il est évident que les mesures les plus importantes relèvent de la prévention de l'agression : celle-ci repose sur un ensemble de paramètres impliquant d’une part la formation à la sécurité de l’exercice, à la fois pour le cabinet médical et le comportement du médecin lui-même et nous disposons pour cela de moyens d’information à la disposition du confrère (plaquettes, vidéos etc. …). Des partenaires sont également associés à notre protection et y sont particulièrement sensibilisés (Police, gendarmerie) et disposent pour cela  de moyens de surveillance (vidéo-caméra, numéros d’appel dédiés, bip de géolocalisation etc. …) qui devraient concourir à augmenter encore la sécurisation de notre exercice professionnel.