Le burnout et la médecine de prévention

Le burnout peut être considéré comme un état dépressif lié à différentes contraintes, notamment professionnelles.

Docteur Christian HUGUE -  Avril 2016

Le burnout peut être considéré comme un état dépressif lié à différentes contraintes, notamment professionnelles.  D’abord reconnu plus précisément dans la catégorie des professions «  aidantes »  travailleurs sociaux, personnels soignants etc…), il peut toucher en fait, toutes les catégories professionnelles et les médecins eux-mêmes ne sont pas épargnés. Les premiers travaux sur le «  syndrome d’épuisement professionnel » ont été attribués à Herbert FREUDENBERGER en 1974, mais le concept même du burnout date de 1959 par le français Claude VEIL.
 

L’Académie Nationale de Médecine vient de rendre son rapport le 23 février sur les recommandations pour que ce syndrome soit mieux diagnostiqué, reconnu et pris en charge. Déjà, plusieurs lois ont contribué à sa reconnaissance et à sa prévention : le Ministère du Travail en 2002 a fait voter une Loi réprimant le harcèlement moral au travail, et en 2009 des plans de prévention des risques psycho-sociaux ont été mis en place.

D’un strict point de vue médical, le syndrome d’épuisement professionnel n’est pas reconnu dans les nomenclatures internationales de référence (DSM-V et CIM-10) et n'est pas prévu dans leurs prochaines éditions. Le Réseau national de vigilance et de prévention des risques professionnels (RNV3P) et ses partenaires (CNAM-TS et ANSES) proposent de le situer sous la rubrique « surmenage ».
 

Un diagnostic souvent difficile

Les manifestations sont nombreuses mais les tableaux cliniques offrent rarement une forme complète car les formes frustes sont les plus fréquentes, liées à l’état psychologique initial du patient et à son degré de résilience. On peut toutefois observer  un état d'épuisement émotionnel, avec des  perturbations cognitives (perte de motivations, difficultés de concentration) et physiques (asthénie), accompagnées de symptômes traduisant une réaction de détresse à une situation de stress en milieu professionnel.

Mais il n’existe aucune forme type permettant un diagnostic global. Le Maslach Burnout Inventory (MBI) évalue indépendamment trois dimensions du burnout :

  • Épuisement émotionnel,
  • Dépersonnalisation
  • Réduction du sentiment d'accomplissement de soi.
Des auteurs y ont ajouté un surinvestissement et l'addiction au travail (workalholisme).

Au total, les symptômes relèvent plutôt des troubles dépressifs et des troubles de l'adaptation. Les patients concernés ont souvent recours aux psychostimulants, aux anxiolytiques voire à l’alcool.
Le traitement actuel repose sur l'éloignement du travail, un traitement antidépresseur et une psychothérapie de reconstruction émotionnelle et de l'estime de soi.
 
Des pistes pour améliorer la prévention

Les circonstances du développement du  burnout sont souvent dues à la rencontre entre un individu fragile car surmené, pouvant présenter une personnalité à risque (perfectionnisme, hyperactivité́ et addiction au travail) et un environnement de travail dégradé par des exigences accrues, un manque de reconnaissance, l’absence de soutien social, d’importantes contraintes émotionnelles, des conflits de valeur, une insécurité́ de son travail et de son avenir.

Au plan préventif, la loi du 20 juillet 2011 a renforcé́ la notion de droit à la santé au travail et le rôle du médecin du travail dans la prévention. Pour ce faire, l'Académie nationale de médecine recommande de créer « une structure capable de faciliter la coopération entre les ministères concernés (Travail, Santé, Recherche) qui serait hautement utile à l'instar de ce qui existe pour d'autres questions de santé et sécurité́ publique telles que toxicomanies ou sécurité́ routière ».

Bien que l’inscription du burnout ne soit pas encore admise au registre des maladies professionnelles, en raison d’un manque de critères précis, les « dépressions d'épuisement » peuvent être reconnues comme maladies professionnelles hors tableau, et les médecins devraient les rapporter aux Comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles (C2RMP).

Parce que nous sommes tous concernés, puisque nous sommes quotidiennement attentifs à la santé de nos patients, avec le Dr Jacques SEE, conseiller Titulaire du CDOM 92, nous pensons que vous devez également être attentif à la vôtre. Le CDOM 92 permet aux médecins libéraux du département de bénéficier d’une visite médicale systématique, à l’image de celle organisée par la médecine du travail pour les salariés.
 

Profitez-en !

Il suffit pour cela d’appeler le 01 56 38 24 14 et de prendre RV auprès du CESA à Nanterre. Cette visite est gratuite et confidentielle.