Un acte de confraternité Juillet 2016

Lettre ouverte du Dr. Christian HUGUE

Chère Consœur, Cher Confrère,

La France pleure à nouveau d’innocentes victimes, et les médecins pansent les plaies, réconfortent et soulagent jusqu’à l’épuisement, dans un élan de professionnalisme sans borne, car il est inscrit dans nos gènes, mais qui, dans ce monde si étrange où les valeurs essentielles s'amenuisent peu à peu, étonne au point que notre ministre Marisol Touraine leur adresse de chaleureuses félicitations ! Nous sommes tous solidaires et nous avons tous cette même vocation : celle de soigner et si possible de guérir.
 

Les hommes politiques sont concernés car une nouvelle forme de conflit est apparue depuis septembre 2010, puis les attentats terroristes et les actes barbares se sont succédés,  frappant ici ou là, mais se faisant de plus en plus cruels depuis « Charlie Hebdo » et l’Hyper casher en janvier 2015, ensuite à Paris en novembre 2015 et maintenant à Nice nous faisant traverser une véritable tragédie. Certains pensent que nous ne sommes qu’au début d’une guerre dont les victimes viendront s’ajouter aux victimes revendiquées par les suppôts du « Daech » ! Le djihadiste venu de nulle part ou de « l’intérieur » et intégré depuis plusieurs générations, se radicalisant depuis quelques jours ou depuis plusieurs années, frappera encore un autre 14 juillet, ou un 25 décembre. Il frappera d’une façon ou d’une autre, mais quelle qu’elle soit, elle nous plongera dans l’horreur et l’effroi. Alors les hommes politiques s’affronteront sur leur choix respectif, sur les lois qui seront jugées « d’exception », sur les réformes pénales appliquées, sur les mesures de durcissement de l’arsenal judiciaire , de l'état d'urgence, des perquisitions, des assignations à résidence ou sur les mesures prises liées à certains fichiers…

Quant à nous, médecins, notre rôle peut être double : d’abord préventif en essayant de repérer le passage à la radicalisation, et malheureusement ensuite nécessairement curatif en apportant notre soutien aux urgentistes au bord de l’épuisement et en faisant acte de volontariat et d’altruisme pour aider nos confrères submergés.

D’un point de vue préventif, il est assez difficile de dépister un passage à la radicalisation, néanmoins certains aspects sont communs à ce type de personnalité. Le plus souvent, il s’agit d’un profil de radicalité de type identitaire et le passage à l’acte peut devenir très rapide. Ces individus sont au départ souvent fragilisés par certaines formes de discriminations et il est alors assez facile de profiter de ces faiblesses psychologiques pour faire comprendre que l’Occident est le responsable de leurs humiliations répétées et qu'ils doivent le combattre. La radicalisation religieuse n’apparaît pas forcément au premier plan, c’est d'abord une modification de comportement de l’individu, avec un discours qui devient communautaire, victimaire, antisémite, complotiste ou identitaire. Ces individus peuvent être parfaitement insérés dans la société et depuis longtemps, ils peuvent appartenir à n’importe quel milieu social, et si ces hommes ont des « tentations daechiennes » par goût de violence ou d’aventure, les jeunes filles peuvent simplement avoir un désir matrimonial pour trouver, ailleurs, l’homme idéal !

D’un strict point de vue médical et confraternel, nous devons non seulement soigner les victimes et apaiser les souffrances collatérales, mais il faut aussi se signaler comme volontaire auprès du Conseil de l’Ordre qui enverra alors un sms pour signaler les besoins de tel ou tel type de compétence ici ou là. Cette démarche est nécessaire et elle s’inscrit dans notre combat à nous, médecins, de faire face au terrorisme. Pour cela, il faut se rendre sur le site du CNOM  puis en haut à droite, dans l’espace personnel, après avoir rentré ses identifiants (numéro Adéli ou RPPS), il suffit de cliquer sur le logo « abonnements » et de suivre la procédure : où que vous soyez un sms vous avertira de la nécessité de votre concours si elle est opportune.

Au nom du Conseil Départemental des médecins des Hauts-de-Seine, je tiens à féliciter toutes celles et  tous ceux qui se seront engagés dans ce service de volontariat, humain, civique et confraternel, ils ont tout mon respect et contribuent à la fierté de notre profession.

Docteur Christian HUGUE

languageMarche à suivre pour recevoir une alerte sms