COMMUNIQUE DU 2 AVRIL 2020

Dr Christian HUGUE
Président du CD92OM

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Chères Consœurs, Chers Confrères,
 

Pour beaucoup d’entre nous, le confinement devient une épreuve, que nous partageons avec nos familles et évidemment, c’est une épreuve terrible aussi pour ceux qui sont en première ligne que d’observer l’ultime départ de ce patient pour lequel tout avait été tenté… Ce sentiment de solitude intense, au milieu des autres, est assez bouleversant et, dans le climat anxiogène que nous traversons, ce vide intense, instrument vicieux du COVID, est forcément générateur d’une comorbidité dont il faut essayer de s’extraire.

Nous devrions alors, à la manière de Marc Aurèle, dans les Pensées pour moi-même, se retirer sur soi-même, car nulle part ailleurs on ne trouve retraite plus paisible qu’au plus profond de soi, là où sont enfermés ces biens personnels sur lesquels il suffit de se pencher pour recouvrer aussitôt la liberté d’esprit, ou la liberté de penser. Epitecte aussi, dans les Entretiens, nous révèle que l’homme par le fait qu’il est seul n’est pas pour autant isolé, pas plus du reste qu’il n’est délivré de l’isolement s’il se trouve au milieu d’une foule. La résilience est au plus profond de chacun, et il faut apprendre à la développer .

Nous nous sommes endormis il y a quelques jours pour éviter la contagion et des mesures drastiques ont été prises sur l’ensemble de la planète. Certains ont proposé des traitements que d’autres ont refusé, certains ont prôné des techniques d’isolement ou de confinement que d’autres ont souhaité écarter, et nous avons compté nos disparus, nos victimes, déplorant nos moyens, se lamentant de nos insuffisances, regrettant notre manque de prévoyance : cette période nous aura marqué, comme les grands fléaux qui ont meurtri l’humanité depuis des siècles. On parlait déjà de la Peste à Sumer et à Memphis, et la peste figure parmi les plaies que le dieu de Moïse infligea aux Egyptiens ! Quant à notre maître Hippocrate, confronté à une « pestilence » dans le nord de la République, il écrit sept livres sur les épidémies où il discute de leurs causes, du climat, de la nature des eaux que boivent les habitants, et de leur origine ethnique, Européens et Asiatiques offrant des sensibilités différentes. Puis les grandes épidémies de choléra, de typhus, de rougeole sans compter les guerres entre les hommes qui ont fait tant de victimes à travers les siècles.

Actuellement nous prenons conscience que nos câlins et nos baisers sont devenus des armes létales et nous mesurons comme une preuve d’amour le fait de ne pas visiter nos aînés ! Quel cruel paradoxe !

Mais nous sortirons vainqueurs de cette pandémie et nous aurons alors des réflexions personnelles très différentes de notre perception de cette crise. Mais la terre, elle, aura poursuivi sa course rendant notre Monde magnifique et ce n’est pas lui qui met en cage les Hommes, nous sommes ses invités !

Je reste à votre disposition et vous assure de mes sentiments les plus confraternels.