L’histoire de l’Hôpital Ambroise Paré débute en 1921 lorsque l’AP-HP décide avec l’aide de la municipalité de Boulogne-Billancourt de racheter le sanatorium du Docteur Paul Sollier.
Mais qui est ce personnage ? Il s’agit d’un psychiatre promoteur de la psychiatrie hospitalière privée. Né en 1879 près du Mans, il passe son internat à la Salpêtrière et assiste aux « Leçons du mardi » de J.M. Charcot sur l’étiologie de l’hystérie ; lésion neurologique ou manifestation de l’inconscient ?
Il prend la direction de la Villa Montsouris, clinique privée accueillant des femmes aliénées, et simultanément enseigne l’hygiène dans les écoles d’infirmières de la Ville de Paris.
Sous la direction de l’aliéniste D.M. Bourneville, il défend la thèse selon laquelle les facteurs psychologiques et sociaux interviennent dans les maladies mentales, à l’opposé du consensus de l’époque n’y voyant qu’une origine héréditaire.
En 1897, il prend la direction du sanatorium de Boulogne-Billancourt où il y dispense des traitements à base de mécanothérapie, kinésithérapie, hydrothérapie et d’hygiène.
Il y reçoit M. Proust venu pour soigner sa « neurasthénie » où l’influence du Docteur Sollier sur la conception de la mémoire et de l’inconscient se retrouvera dans « La recherche du temps perdu ».
Pendant la Grande Guerre, il est nommé médecin-chef du Centre de neuropathologie où il privilégie la psychothérapie et où il milite pour distinguer la neurologie de la psychiatrie.
En 1919, sa clinique boulonnaise n’a pas retrouvé sa clientèle de la Belle Epoque et est rachetée en 1921 par l’AP-HP pour devenir un hôpital qui prend le nom d’Ambroise Paré, chirurgien de quatre rois de France et père de la chirurgie moderne.
Plongeons désormais un peu plus de quatre siècles auparavant :
Ambroise Paré naît en 1510 près de Laval d’un père agriculteur. Après une instruction décevante chez un chapelain qui le prive de l’enseignement du grec et du latin, ce qui sera toute sa vie un lourd handicap vis-à-vis de ses confrères, il entre au service du Comte de Laval comme marmiton et se fait remarquer pour son sérieux et son intelligence par le barbier dudit Comte. Il devient vite aide-soignant d’un barbier à Angers, puis en 1529 entre comme compagnon chirurgien à l’Hôtel Dieu où il observe malades et cadavres et enrichit son savoir anatomique. En 1536, il est nommé Maître Barbier-Chirurgien et accompagne son nouveau maître le Lieutenant Général Montjean lors de la 8ème guerre contre l’Italie. Au service de René 1er de Rohan au siège de Boulogne en 1544, il élabore de nouvelles techniques chirurgicales et opère le Duc de Guise blessé au visage, plus tard surnommé « Le Balafré ».
Au siège de Damvillers, devant amputer un gentilhomme, plutôt que d’appliquer le fer rouge pour éviter l’hémorragie, il tente une nouvelle méthode et ligature les artères du blessé. Il entre alors au service d’Antoine de Bourbon, Roi de Navarre puis d’Henri II et devient le chirurgien du roi puis de ses trois fils, futurs rois de France : Charles IX , François II et Henri III.
A cette époque, la Confrérie de St Côme, qui regroupait les barbiers-chirurgiens depuis le XIIIème siècle, s’était transformée en Collège de chirurgie. Cependant les chirurgiens restaient sous la tutelle des médecins et cherchaient à s’en affranchir. Ainsi les dissections et autopsies étaient réalisées par les chirurgiens mais en présence des médecins. A. Paré, avec le soutien d’Henri II, reçoit le bonnet de chirurgien en 1554.
En 1559, avec l’aide d’A. Vésale, il n’arrive pas à sauver le roi victime d’une blessure à l’œil lors d’un tournoi organisé à l’occasion du mariage d’Elisabeth de France avec Philippe II d’Espagne, le Comte de Montgomery, capitaine de sa garde écossaise, ayant par sa lance transpercé le heaume du souverain.
Il publie dans le même temps en français et non en latin son « Anatomie universelle du corps humain » et les 10 livres de la chirurgie où apparaît pour la première fois l’usage du bistouri. Inventeur de multiples prothèses, il est également à l’origine d’un traitement contre la « maladie de la pierre » (lithiase urinaire). Il travaille aux traitements contre la petite vérole et la peste et se montre intransigeant vis-à-vis des faux médecins. Lors de la Saint Barthélémy, il soigne l’Amiral G. de Coligny, victime d’un attentat puis s’éteint en 1590 en pleine Guerre de Religions.
Reprenons le cours de l’histoire de l’hôpital :
En 1921, encouragée par les maires de Boulogne et de Suresnes, l’AP-HP acquiert donc la clinique du Docteur Sollier pour la transformer en un hôpital qui ouvre ses portes en 1923 et passe rapidement de 250 lits à 308 répartis dans deux services de médecine, un de pédiatrie et un de chirurgie avec ORL et ophtalmologie. Sa circonscription hospitalière lui attribue Boulogne, Suresnes, Puteaux et Auteuil.
Il fonctionne ainsi jusqu’au 3 mars 1942 où il est victime des bombardements de la 2ème Guerre Mondiale. Les patients sont alors évacués vers Paris, mais le 4 avril 1943 il subit un deuxième bombardement le dévastant.
A la fin de la guerre, la reconstruction des structures endommagées paraissant difficile et dangereuse, le Ministre de la reconstruction et de l’urbanisme retient le principe de l’affectation du terrain prélevé sur la propriété dite « Domaine de Bailgu » à proximité du Bois de Boulogne.
Il s’agit de la cour, elle aussi endommagée du Château Rothschild. La décision est entérinée en 1948 par le Ministre mais la propriétaire Miriam Alexandrine de Rothschild s’y oppose. En 1951, le classement aux monuments historiques du Château de Buchillot adjacent puis du parc aide à protéger le domaine et M.A. de Rothschild accepte finalement en 1962 l’expropriation et cède les six hectares demandés et l’édification de l’hôpital commence en 1965 pour se terminer en 1969.
L’histoire du Château Rothschild débute dès 1703 lorsque Joseph Fleuriau d’Armenonville, riche financier du Secrétariat aux Finances, fait construire sa résidence le long de la route de Longchamp. Trois ans plus tard, nommé Capitaine de la Muette et des chasses du bois, il quitte sa demeure pour habiter au Château de Madrid à Neuilly. Son fils y vit puis vend le domaine à C.J.B. Fleuriau de Morville qui le cède à son tour au Comte Réal, homme politique de l’Empire.
A la chute de Napoléon, la propriété passe aux mains du banquier J.C. Davillier qui finalement la vend à James de Rothschild, également banquier qui fait entièrement reconstruire de 1855 à 1861 le château dans le style Louis XIV, entouré de jardins à la française et à l’anglaise. Il y annexe la folie voisine, le Château de Buchillot de style XVIIIème siècle.
La propriété devient l’une des plus belle de France et un lieu de mondanité accueillant Thiers, Guizot, Heine, Rossini et Chopin.
A la mort de James, le Baron Edmond de Rothschild reprend le domaine et y fait naître un jardin japonais particulièrement prisé lors de l’Exposition Universelle de 1900 et parcouru à maintes reprises par Clémenceau. En 1939, la famille Rothschild fuit en Grande Bretagne abandonnant le château. De Juillet 1940 à Août 1944, les Allemands y installent l’Etat Major de la Kriegsmarine et pillent toutes les œuvres d’art s’y trouvant pour les envoyer en Allemagne. En septembre 1944, les Américains transforment le château en centre de transit ; ponts, kiosques et arbres du parc servent de bois de chauffage et à son retour la famille Rothschild découvre un château saccagé. Elle n’y habitera plus.
Le Baron Edmond de Rotschild cède en 1979, 15 ha du parc pour 1 franc symbolique à la mairie de Boulogne et le château est vendu en 1986 au Cheik saoudien Khalid Abdulaziz Al Ibrahim qui prend l’engagement d’effectuer d’importants travaux de reconstruction mais deux incendies en 1994 et 2003 entraînent la prise d’arrêtés de péril imminent du bâtiment. Un projet d’hôtel de luxe des groupes Barrière et Bouygues n’aboutira pas et le château est vandalisé et, en partie détruit, demeure à ce jour sans avenir.
L’Hôpital Ambroise Paré reçoit actuellement 65 000 personnes en urgence par an, compte 120 000 nuitées d’hospitalisations complètes, 23 000 HDJ, 22 000 consultations externes et 18 000 actes chirurgicaux sont effectués annuellement. Il emploie 600 personnels médicaux et 2500 non médicaux. Il dispose d’une expertise reconnue en chirurgie lourde orthopédique, viscérale (surtout cardiaque), ophtalmologique et assure une prise en charge pluridisciplinaire et en oncologie.
C’est un centre de référence ostéoarticulaire et de prise en charge de la douleur mais aussi un hôpital spécialisé dans les maladies rares. En 2015, les premières réalisations de chirurgie ambulatoire ont été entreprises sur les prothèses totales de hanches, d’épaules puis sur les endoprothèses aortiques.
L’hôpital s’est doté d’un service cardiologique de pointe : urgences coronariennes, imagerie cardiaque et d’un service d’imagerie diagnostique et interventionnelle renommé.