Hôpital Raymond Poincaré




Dr X. Grapton

Il aura vécu près d’un siècle
 

En 1926, l’Assistance Publique décide d’implanter en Seine et Oise, département démantelé en 1968 faisant naître 6 nouveaux départements dont les Hauts de Seine, un établissement spécialisé dans les soins apportés aux enfants et adultes souffrant d’handicaps lourds d’origine neuromusculaire ou traumatique, de maladies infectieuses ou de troubles sévères du comportement alimentaire.

A la même époque s’édifie à Suresnes la Fondation du Mont Valérien dite Fondation Foch, Clinique médico-chirurgicale privée destinée aux patients issus des classes moyennes…
 

La construction de l’établissement ne débute qu’en 1932 et ouvrira ses portes fin 1936.
 

Il est baptisé Hôpital Hospice Raymond Poincaré en l’honneur du 9ème Président de la République qui exerça sa fonction de 1913 à 1920, c’est-à-dire lors de la Grande Guerre. Artisan de l’Union Sacrée aux côtés d’Aristide Briand puis de Georges Clémenceau, il permit aux Français de toute tendance politique et syndicale de se rassembler autour d’un pacte républicain et patriote lors du déclenchement du conflit. Il collabora également à l’affermissement de la Triple Entente (France, Royaume Uni et Empire Russe) face à la Triple Alliance (Empire Allemand, Monarchie Austro-hongroise et Royaume d’Italie).

L’Hôpital Hospice s’établit donc en 1932 à Garches sur un terrain mitoyen à la Fondation Brezin qui gère là l’Hospice de la Reconnaissance.


Ici s’ouvre une page de la petite histoire :

Michel Brezin en 1781, dirige l’Hôtel de la Monnaie de Paris, Quai Conti. Il fait fortune au début de la Révolution, période de disette monétaire, en faisant fondre les cloches des églises pour fabriquer des pièces de monnaie, or l’opération s’avère un échec et au moment où le pays est menacé d’invasion en 1792, il décide de convertir ce métal de récupération en pièces d’artillerie. Reconnaissant Bonaparte, 1er Consul, le nomme Directeur de l’Arsenal de Paris. Vingt ans plus tard Michel Brezin possède 18 maisons à Paris et 6 en région parisienne dont des terrains à Garches. Par testament en 1828, il confie au Conseil Général des Hospices la tâche de construire sur une de ses propriétés, « Les Petits Etangs », une maison de retraite pour les ouvriers forgerons, serruriers et mécaniciens sexagénaires et sans ressources. Le premier hospice ouvre ses portes en 1833 sous le nom d’Hospice de la Reconnaissance accueillant 140 personnes.

En 1843 de nouveaux pavillons permettent de passer à une contenance de 300 lits.

D’un point de vue architectural, l’hospice est composé d‘une galerie à arcades semblable à un cloître avec une chapelle placée en son centre. En 1946, tous ces bâtiments se trouveront annexés à l’Hôpital Raymond Poincaré et forment aujourd’hui l’ensemble des pavillons Brezin.

Dans les années 40, l’hôpital est voué aux soins des adultes atteints de maladies chroniques à l’exception des tuberculeux et des cancéreux. Un service spécialisé voit le jour peu après destiné à la rééducation des malades atteints de poliomyélite. C’est alors que le Pr. A. Grossiord et le Dr. D. Troisier, orthopédiste, créent le Centre National de traitement des séquelles de la polio.
 

Pendant l’occupation (1940-1944), l’Hôpital Foch étant réquisitionné par les services médicaux du Reich, se trouve sous le feu des bombardements alliés. Le haut commandement allemand décide alors de transférer équipements, personnels médicaux et malades à l’Hôpital de Garches qui devient l’Hôpital temporaire Poincaré-Foch. A la fin de la guerre, l’hôpital de Garches fut restitué à l’Assistance Publique et les patients réintégrés.

Dans les années 50, l’établissement se spécialise dans la prise en charge du handicap et se dote d’un centre de rééducation pour les patients d’orthopédie et de traumatologie. Le plateau technique s’étoffe et s’équipe de bassins de balnéothérapie, de salles techniques rééducatives et réadaptatrices. Bientôt un centre d’essai des fauteuils roulants unique en France est ouvert, l’hôpital devenant le Centre de référence dans les domaines des handicaps moteurs et des maladies rares neuro-musculaires. Des travaux sur les aspects psychosociaux des handicapés moteurs, la scolarisation des enfants infirmes locomoteurs et l’emploi des travailleurs en situation de handicap sont également menés à Garches.

Bien d’autres services coexistent dans l’établissement : Chirurgie orthopédique, Médecine physique et de Réadaptation, Rachis enfants-adultes, Rééducation des blessés médullaires, Rééducation cérébrale, Neurologie, Santé professionnelle, Médecine légale, Imagerie médicale, Toxicologie, Infectiologie…

Actuellement la question du devenir de l’Hôpital Raymond Poincaré se pose, son architecture pavillonnaire n’étant plus adaptée à la prise en charge des patients et nécessitant une mise aux normes de sécurité incendie.

Depuis 2017, l’AP-HP a élaboré un projet de rénovation qui impliquerait sa fermeture et le déménagement des services et laboratoires à l’Hôpital Amboise Paré de Boulogne où un bâtiment nouveau serait construit.