De la fontaine de la Samaritaine aux fontaine Wallace…

De la fontaine de la Samaritaine aux fontaine Wallace…

Dr Joël BARDEL

En 150 ans, de la Restauration à sa création le 01/01/1968, le futur département des Hauts-de-Seine s’industrialise, ses terres agricoles et ses châteaux disparaissent. Dans le droit fil du saint-simonisme et des expérimentations américaines rapportées par Tocqueville, des fondations médico-sociales voient le jour.

De 2016 à 2019 nous nous sommes amusés à rendre hommage à une personnalité médicale dans chacune des 36 villes de notre département. Partons dès lors sur la trace de ces maisons et fondations qui accompagnent l’édification de notre département.

De la fontaine de la Samaritaine aux fontaine Wallace… Premier épisode.

Paris : centre cet arc de cercle ouest, arc de cercle lui-même clivé par les méandres de la Seine. Notre première histoire visitera Rueil-Malmaison et Levallois-Perret.

Levallois-Perret : commune du siège de notre CDOM, reconnue le 1er janvier 1867 et qui fut qualifiée par son ancien Maire de « XXIéme arrondissement de Paris ». Là se jouent quelques épisodes de la Fondation Cognac-Jay.

Marie-Louise Jaÿ est née à Samoëns, en Haute-Savoie en 1838. Fille de modestes paysans, elle part à Paris à 15 ans et employée au magasin la Nouvelle Héloïse, elle y rencontre Ernest Cognacq.

 Ernest Cognacq est né à Saint-Martin-de-Ré, en Charente-Maritime en 1839. En 1854, il quitte sa province natale pour monter à Paris et travaille dans plusieurs magasins de la capitale. Camelot (calicot) il installe son échoppe dans une corbeille du pont Neuf, à proximité de l’ancienne pompe hydraulique la Samaritaine.
 


En 1870 ils ouvrent un petit commerce « de nouveautés », rue de Rivoli à Paris, à l’emplacement du futur grand magasin qu’ils baptisent La Samaritaine




Rachetant les magasins aux alentours ils bâtissent jusqu’en 1930 l’ensemble architectural que nous connaissons, de style art nouveau et art déco avec structure métallique apparente et des verrières zénithales grâce aux architectes Frantz Jourdain et Henri Sauvage.

N’oubliant pas leurs origines modeste les Cognac-Jaÿ œuvrent pour le bien-être de leurs employés selon le modèle paternaliste. Dès 1896, ils créent une caisse de retraite pour les employés de la Samaritaine et en 1900 acquièrent 8 ha de terrains à Levallois pour y construire des logements.

Ce programme de logements inspirera les HBM (Habitation Bon Marché) d’Henri Sellier à Suresnes et est aujourd’hui recensé dans l’Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Ils répondaient à leur désir d’implanter dans un quartier ouvrier, du Levallois d’alors, des logements de meilleure qualité, et pour des prix inférieurs. À cette époque, l’originalité de la formule tient dans le fait qu’il faut avoir le plus possible d’enfants pour être accepté dans les logements de la Fondation Cognacq-Jay de Levallois. Ces logements se caractérisaient alors par la superficie des pièces, leur aération, la grande cour plantée d’arbres où pouvaient jouer les 7 à 800 enfants des locataires de la fondation. Le lotissement comportait également un lavoir central avec bains et douches.

Les Cognacq-Jaÿ sans héritiers directs souhaitent donner une dimension sociale au succès de leur entreprise, ils créent pour cela une Fondation en 1916 (la Fondation Cognacq-Jay FCJ) et lui font don des immeubles.

Cette Fondation a pour vocation de créer et de développer des établissements de solidarité sociale, notamment dans les secteurs sanitaires, médico-social et éducatif, au rang desquels :
 



EHPAD 16, avenue de Versailles 92500 Rueil-Malmaison.

Initialement maison de retraite et pouponnière créées en 1916. Au milieu d’un grand parc paysager de 4Ha



HÔPITAL COGNACQ-JAY 15, rue Eugène Million 75015 Paris

Initialement en 1922 une maternité pour les familles des employés de commerce, de banque, d'assurance, etc. (première maternité organisée en chambres et non plus en dortoirs collectifs).

Agréé par la Sécurité sociale puis conventionné avec la caisse de prévoyance de la SNCF il s’ouvre au plus grand nombre en 1978. A côté de ses spécialités, soins palliatifs (premières unités de soins de ce type), infectiologie (premier service d’hospitalisation exclusivement dédié à la prise en charge des personnes atteintes du sida), oncologie et nutrition-obésité on y retiendra le jardin thérapeutique, l’art-thérapie, la musicothérapie, ou les conseils d'une socio-esthéticienne. 
 

La maison d’enfants à caractère social (MECS) 94 Impasse du Pas de l'Échelle 74560 Monnetier-Mornex

Initialement en 1926 une maison de repos pour jeunes filles dirigée par des religieuses la « Villa Louise Cognacq-Jay » à laquelle s’est adjoint en 1930 un « orphelinat pour fillettes de Haute-Savoie». De nombreuses jeunes filles juives ont pu s’y installer et passer clandestinement en Suisse grâce au curé de Mornex.

En 1976 la FCJ signe une convention avec le Département de Haute-Savoie et l’orphelinat de Monnetier-Mornex devient progressivement une Maison d'enfants à caractère social à part entière. La MECS héberge et prend en charge des enfants et des adolescents pour lesquels la cohabitation en famille est momentanément impossible et qui sont confiés au service de l'Aide sociale à l'enfance, en raison de problèmes éducatifs, sociaux ou matériels.

 

La MECS « Les pressoirs du Roy» 38, route de Champagne 77210 Samoreau Initialement en 1932 une école d’horticulture réservé aux garçons et dirigée par la communauté des sœurs salésiennes
 



Aujourd’hui MECS l’établissement est constitué de plusieurs structures disséminées dans et autour de Samoreau : internat, hébergements semi-autonomes et appartements relais.

Le LYCÉE PRIVÉ PROFESSIONNEL 20, rue de la Liberté 95100 Argenteuil

Initialement en 1924 un centre d'apprentissage pour des jeunes filles, pour la plupart orphelines ou abandonnées là aussi sous la responsabilité de religieuses. 1974 l’École technique Jeanne d'Arc » reçoit une direction laïque et la formation évolue en suivant les besoins de la société. En 1984 passage au statut de  lycée d'enseignement professionnel.

Bien que privé, la scolarité y est gratuite et le lycée fonctionne sous contrat avec l’État. L’établissement a obtenu le label « Lycée des métiers » en 2010.

Sont ensuite entrés dans la philosophie de la FCJ :

Les Appartements de Coordination Thérapeutique ACT La Berlugane 71-73, avenue d'Italie 75013 Paris depuis 1995 pour pathologies graves et chroniques et se trouvant en situation de précarité.

L’hôpital de FORCILLES 77150 Férolles-Attilly pour rééducation-réadaptation de patients atteints de maladies chroniques, telles l'insuffisance respiratoire, le diabète, l'obésité

L’ATELIER 17, rue Notre-Dame des Champs 75006 Paris, lieu d’accueil pour aider les femmes et les hommes touchés de tout type de cancer à se ressourcer et à mieux vivre avec ou après la maladie.

L’hôpital Franco-Britannique 4 Rue Kléber, 92300 Levallois-Perret

La suite au prochain numéro, qui n’oubliera pas : les fontaines Wallace