Les Trois Glorieuses Juillet 1830 |
‘’La Liberté guidant le peuple’’ E. Delacroix
1. La Révolution de 1830 trouve son origine dans la promulgation par Charles X de trois ordonnances supprimant la liberté de presse, dissolvant la Chambre des Députés, modifiant la Charte Constitutionnelle.
Dès le 26 juillet l’opposition républicaine et libérale s’organise (C. Perier, Mauguin, Guizot…) et les journalistes Thiers et Rémusat protestent vigoureusement.
Les premières barricades se forment.
La fin de la Monarchie de Juillet. Février 1848 |
1. La révolution trouve son origine dans plusieurs faits : la distribution des quartiers parisiens distincts entre privilégiés et ouvriers, le suffrage censitaire réservé à certains citoyens, les conditions d’existence très difficiles (durée du travail, misère, hygiène, criminalité), le choléra et la disette, la crise financière, les scandales, les révoltes politiques, les querelles à propos des écoles religieuses…
Tocqueville dès janvier alerte sur le climat délétère et déclare devant les députés « Ma conviction profonde c’est que la dégradation des mœurs publiques nous amènera dans un temps court à des révolutions nouvelles ».
‘’Combat devant l’Hôtel de Ville’’ V. Schnetz
Le 19 février, le prince Jérôme Napoléon avertit le Roi de la gravité des évènements. Louis Philippe répond « Je ne crains rien, je suis nécessaire ».
Le gouvernement Guizot interdit les « faux banquets » qui sont en fait des réunions politiques. Le 22 février, les étudiants se mêlent aux ouvriers dans certains quartiers de la capitale pour manifester et se diriger vers la Chambre des Députés pour demander la démission de Guizot. L’occupation militaire de Paris est décrétée. Le 23, la garde nationale fraternise avec les manifestants. Guizot est renvoyé.
‘’Barricade Rue Soufflot’’ H. Vernet
Dans la nuit, la provocation d’un manifestant entraîne la riposte sanglante de l’infanterie faisant 50 morts.
Le 24, le Roi refuse que le Maréchal Bugeaud n’intervienne et fasse couler à nouveau le sang. Louis Philippe abdique.
Bilan : 350 morts ; 5000 blessés.
2. En novembre 1848, une nouvelle épidémie de choléra venue d’Angleterre survient. Elle fera 35 000 morts à Paris. Les catégories les plus modestes sont touchées : tailleurs, cordonniers, journaliers, chiffonniers, ramoneurs, maçons…)
La Commission de Salubrité résume ainsi l’impuissance des médecins : « Il n’était pas au pouvoir des médecins chargés de visiter et d’assainir chaque maison, de changer les mœurs des habitants, de fournir de bons vêtements, d’empêcher que la classe pauvre ne se nourrisse d’aliments de mauvaise nature, que les ouvriers restassent entassés dans des lieux bas et humides, qu’ils ne fissent des excès de boisson, enfin qu’ils ne réunissent par leur triste genre toutes les conditions nécessaires au développement de l’épidémie ».
3. Outre le choléra et le typhus, sévissent gastroentérites et fièvre typhoïde. Il est décrit dans la Ga zette Médicale de Paris en 1848 : « Les derniers mois si féconds en rhumatismes, en catarrhes ont vu apparaître des fièvres continues d’un caractère particulier dont la physionomie ne pouvait être rigoureusement rapportée à l’ataxie ou à l’adynamie. Peu ou point de délire, diarrhée peu abon dante, pouls mou irrégulier, ventre souvent indolent, faiblesse excessive, amaigrissement rapide, yeux éteints. La bouche et le fond du pharynx se sont tapissés d’une couche de matière grisâtre, pultacée. En présence de cette affection, la première indication était de relever les forces à l’aide de camphre, teinture de can nelle, quinquina, café noir. Après ce traitement préliminaire ne s’adressant qu’à la faiblesse, on pouvait avoir recours aux purgatifs ».
4. Les Médecins contemporains :
J. Begin (chirurgien) ; P. Broca (anatomiste) ; W. Jenner (neurologue anglais qui différencie fièvre typhoïde et typhus – ne pas confondre avec E. Jenner, père de la vaccination).
La Commune de Paris |
Après la défaite de Sedan et la mise en captivité de Napoléon III, les prussiens envahissent le nord de la France et déferlent vers la capitale. L’opposition à l’Empereur menée par Gambette, J. Ferry et J. Grévy met en place un gouvernement provisoire et proclame ma 3ème République le 4 septembre. La défense de Paris s’organise. Le comité des 20 arrondissements réclame la guerre à outrance et appelle à la formation de la Commune de Paris. Le 16 septembre, les Prussiens encerclent Paris ; on se bat en banlieue. Le siège de la capitale débute le 19 septembre. Dix jours plus tard, la viande commence à manquer, les abattoirs à chevaux marchant à plein régime. On se bat à Argenteuil, Bezons, Créteil, Neuilly… Le Kaiser Guillaume s’installe à Versailles. Partent, en ballon de Paris, Gambetta et G. Sand. Du Mont Valérien et de Courbevoie, on tire sur les batteries prussiennes. Le 13 octobre, le Château de Saint Cloud est incendié par les canons français. A Colombes, les zouaves attaquent les troupes prussiennes. Le 24 octobre, les animaux du Jardin des Plantes sont vendus à la « Boucherie Anglaise » du Bd Haussmann qui les écoule comme « viande de fantaisie ». Le 31 octobre, Thiers négocie avec Bismarck ce qui entraîne un soulèvement des parisiens. Ces derniers occupent l’Hôtel de Ville et séquestrent les membres du gouvernement. Le 7 novembre, les Prussiens refusent de ravitailler Paris. Il n’y a plus de viande, on ne distribue que du suif. Chiens, chats et rats sont vendus en boucherie. On se bat à Vanves, Issy. La capitale est bombardée sans arrêt. Le pain est fait à base de paille.
Le Gouvernement de défense de Paris proclame : « souffrir ou mourir, s’il le faut mais vaincre ». Le 28 janvier, l’armistice est signé, le siège de Paris prend fin. Le ravitaillement alimentaire s’organise. A. Thiers est nommé chef du pouvoir exécutif de la République. Le siège de Paris a fait 42 000 morts. Le 1er mars, l’Assemblée à Bordeaux ratifie la paix (Annexion par l’Allemagne de l’Alsace et de la Lorraine et 5 milliards de Francs en dédommagement).
Le 9 mars, Thiers suspend cinq journaux, supprime la solde des gardes nationaux et tente de faire reprendre par l’armée les canons entreposés à Montmartre. C’est le début de l’insurrection. Thiers a mal évalué l’état d’esprit parisien : 70% d’ouvriers essentiellement républicains (la chambre est monarchiste), patriotes (refus de la capitulation) et révolutionnaires (1830-1848). Le peuple parisien estime qu’une fois désarmé, il se trouverait sans défense face aux éventuelles attaques des troupes gouvernementales or Thiers craint la présence des canons à Paris en cas d’émeute ouvrière et il justifie leur retrait en application des conventions prises avec les prussiens. D’autre part, il fait arrêter A. Blanqui révolutionnaire socialiste. Parallèlement Proudhon propose une vision égalitaire de la société à venir (droit syndical, droit de vote).
Dans la capitale, la Garde Nationale s’est autonomisée constituant une Fédération se dotant d’un comité central élu d’où le nom donné aux communards de « fédérés ». Ce comité central est au pouvoir ; il est confronté à deux problèmes : le ravitaillement et les services publics car les fonctionnaires ont quitté Paris pour Versailles. Le blocus versaillais est heureusement incomplet et les prussiens font passer fruits, légumes, blé et viande dans la capitale. Le pouvoir communal décrète la laïcisation des écoles, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la fixation d’un minimum salarial et la formation d’associations ouvrières. Le 2 avril, les versaillais s’emparent de Courbevoie et exécutent les prisonniers communards. En réaction, la Commune arrête des centaines de versaillais. Des insurrections en province débutent en soutien à la Commune. Le Maréchal Mac Mahon est nommé général en chef et bombarde Paris. Les exécutions sommaires reprennent. Dans ces conditions, la Commune se radicalise prenant en modèle la révolution de 1789 : calendrier républicain, chapelle expiatoire de Louis XVI détruite, Colonne Vendôme abattue. Un comité de Salut Public est créé qui met en place une cour martiale. En même temps, l’œuvre sociale se poursuit : salaire minimum et égalité salariale hommes/femmes.
Fin mai, la Semaine Sanglante : profitant de l’ouverture d’une porte de Paris, les soldats versaillais envahissent la capitale.
Les combats sont vifs : barricades, immeubles détruits, exécutions. On se bat dans les rues, les maisons, les caves.
La Commune met le feu à l’Hôtel de Ville, au Palais de Justice et au Palais des Tuileries. Les cours martiales font exécuter les prisonniers à la mitrailleuse. La tuerie versaillaise continue à la Roquette, au Père Lachaise.
Les femmes sont également sur les barricades : Louise Michel, Elisabeth Dmitrieff, Joséphine Mar chais, Adèle Chignon…
La répression sera terrible pour elles appelées les « pétroleuses » car les versaillais les accusent d’avoir approvisionné en pétrole afin de brûler les édifices parisiens. Elles seront entassées sur des grabats infestés de puces et de poux, battues, suspendues par les poignets, condamnées aux travaux forcés, déportées, enfermées dans des cages. Une amnistie partielle leur est accordée en 1880 grâce à Victor Hugo.
On estime à 17 000 le nombre de morts pendant la Commune de Paris. 40 000 parisiens sont arrêtés. 4000 déportés, 4 700 emprisonnés, 300 bannis, 410 condamnés aux travaux forcés.
Les Médecins contemporains :
Claude Bernard (médecin, physicien) ; J.M. Charcot (neurologue) ;
P. L. N. Chernoviz (médecin polonais) ; G. Clémenceau (Pt du Conseil) ; D. Kahler (médecin allemand) ; E. C. Lasègue (psychiatre) ; J. Paget (chirurgien anglais).
Le Mai 68 médical |
Les 14, 15, 16 mai devait être présenté à l’Assemblée Nationale un texte prévoyant une sélection à l’entrée des universités d’où une mobilisation des étudiants lors des grèves qui ont suivi. En effet, depuis les années 1960, le nombre d’étudiants en médecine n’a cessé de croître : 35 000 en 1963, 59 000 en 1967.
Au sortir de mai 68, la réforme des universités adoptée avec la loi Faure en novembre, consacrera le libre accès pour tous les bacheliers à l’université et la gratuité des études universitaires.
La deuxième semaine de mai, se déclenche à la Salpêtrière une grève des infirmiers suivie de l’ensemble du personnel médical hors médecins. Puis progressivement se joignent aux grévistes certains étudiants en médecine et quelques médecins.
La troisième semaine de mai, les étudiants bloquent toutes les facultés de médecine. Ils critiquent le mandarinat universitaire et hospitalier. Ils s’organisent en comités pour rédiger un livre blanc sur leurs études et demandent que le malade soit pris en charge dans sa totalité somatique, psychologique et socio-économique en abordant leurs problèmes sexuels, affectifs, professionnels et plus seulement leurs cas organiques. Ils rencontrent un écho favorable parmi les médecins. Cependant du côté des hospitalo-universitaires émerge le syndicat autonome des enseignants en médecine (SAEM), contre-révolutionnaire qui veut instaurer l’ordre dans les facultés de médecine afin de maintenir la réputation de la profession et créer un concours d’entrée dans les études médicales. Or à Paris, le doyen de la faculté de Médecine demande « la reconnaissance du pouvoir étudiant dans toutes les structures hospitalo-universitaires, la suppression de la chaire magistrale et la constitution de départements à direction collégiale ».
Le 23 mai, après une nuit d’occupation et de débats à la « Domus Medica », siège de l’Ordre National des Médecins, les membres de son conseil accompagnés de policiers s’en prennent brutalement aux occupants.
A Broussais, P. Vernant, médecin des Hôpitaux, agrégé, fait signer une pétition contre la répression. Le Pr. P. Soulié, dont il est l’assistant, lui retire sa consultation. P. Vernant demande des excuses à P. Soulié et revendique la démocratisation du travail « abolition de la hiérarchisation du service avec réunions régulières de tous les éléments actifs : médecins, étudiants, infirmiers, secrétaires ».
Le 17 mai, l’AG vote la destitution de la chaire de cardiologie. P. Soulié obtempère un temps puis fait évincer, lorsque le calme revient, 11 chercheurs et praticiens. P. Vernant deviendra chef de Service de l’Hôpital H. Mondor qui ouvre en 1969.
A Lariboisière, les AG comportent le personnel administratif, les ouvriers, les soignants, les médecins et les élèves rassemblés.
A Cochin, les étudiants blessés hissent un drapeau rouge à l’entrée des urgences. Les syndicats pour ne pas être impopulaires demandent dans les hôpitaux publics des soins gratuits et la bonne marche des urgences ; des brassards proclament « Je suis en grève mais je soigne les malades ».
Début juin, les médecins souhaitent ouvrir des discussions avec les infirmières proposant des structures nouvelles, collégialité et démocratie.
Après la conclusion des négociations de Grenelle s’engagent les discussions de la fonction publique hospitalo-universitaire entre syndicats et le représentant du Ministre des Affaires Sociales. Alors que le dialogue s’était bien établi, le lendemain de l’allocution du Général de Gaulle, le 30 mai, le ton change et les points abordés préalablement deviennent flous.
Néanmoins ont été acquis : la durée de travail réduite de 40 à 42 puis 41 H, 2 dimanches par mois de congé au lieu d’1, les salaires les plus bas relevés substantiellement, le droit syndical renforcé, la formation professionnelle et la promotion favorisées. Mais le démantèlement de la Sécurité Sociale n’est pas accepté ni la 5ème semaine de congés payés.
Cependant, le bilan est considérable : en Mai 68 seuls 2 CHU étaient en place (St Antoine et Necker), dans les 2 ans suivants 13 CHU sont créés à Paris dans des locaux jusque là inexistants.
Les mentalités changent : le mandarinat est aboli, d’autres pratiques médicales venues d’orient (homéopathie, acupuncture) émergent et l’approche scientifique se fait désormais avec un regard multidisciplinaire.
A l’hôpital, les stages se généralisent et des vacations de médecins exerçant en ville, attachés aux services, s’ouvrent.