Garches |
Aristote la rapportait à la « morsure venimeuse » des musaraignes. Les médecins historiens du XIXème siècle ont cru voir cette maladie dans le mythe de la tunique de Nessus (le centaure vaincu par Héraclès). Le Livre de l’Exode y voit les 5ème (mort des troupeaux) et 6ème(furoncles) plaies de l’Egypte. Au XVIème siècle la République de Venise punit de mort les vendeurs de viande d'animaux charbonneux. Au XVIIIème siècle, la maladie fait des ravages chez les ouvriers de la laine et les artisans perruquiers.
En 1769, la maladie humaine est identifiée par Fournier, de l'Académie de Dijon, sous le nom de « charbon malin » : il décrit différentes lésions cutanées, dont une lésion initiale la « pustule maligne » qu'il compare à une « piqûre de puce maligne » et surtout il reconnait la transmission à l'homme par manipulation de laine de mouton, transmettant des « atomes de ferment charbonneux ». En 1779, Philibert Chabert, de l'école vétérinaire d'Alfort nouvellement créée, publie son Traité du Charbon ou Anthrax dans les Animaux, où il distingue les caractéristiques de la maladie selon les différentes espèces d'animaux domestiques, en insistant sur le plus grand risque pour l'homme de s'exposer à un animal charbonneux, plutôt qu'à un autre homme charbonneux. Bacillus anthracis est une arme bactériologique potentielle depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et a été particulièrement médiatisée à la suite des attentats du 11 septembre 2001.
Davaine est né à Saint-Amand-les-Eaux de familles de distillateurs, protestants du côté du père, catholiques de Flandre orientale du côté de la mère. Etudes à Tournai en Belgique, Lille puis Faculté de médecine de Paris. Externe de Pierre Rayer (dermatologue à l’hôpital de la Charité, détruit en 1935 pour donner naissance à la nouvelle faculté de médecine rue des Saints-Pères, un des sites de Paris-Descartes V), il y rencontre Claude Bernard. Pierre Rayer, lié au banquier Alexandre Aguado, avait décrit le farcin, ou morve cutanée, maladie mortelle des chevaux transmissible aux autres espèces. En 1837, il soutient sa thèse de doctorat d’Etat en médecine sous la présidence d’Alfred Velpeau. De 1838 à 1850 il exerce la médecine à Paris puis en Provence tout en continuant des recherches avec Rayer.
En 1850 il aperçoit des petits bâtonnets dans le sang de moutons atteints du charbon qu’il nommera en 1863 bactéridies (le terme de bactérium a été forgé par Ehrenberg en 1843, alors que Cohn parle des bacillus « batonnet »). Stimulé par Pasteur il se lance à fond dans l'étude de la maladie du charbon et de son agent causal : la bactéridie charbonneuse (Bacillus anthracis).
Des anecdotes sur sa vie nous sont fournies par un le Professeur Jean Théodoridès, parasitologiste et historien des sciences biologiques et médicales, du Val-de-Grâce.
En 1850 il décrit le déplacement amiboïde des leucocytes.
En 1852 il élucide le mystère de la reproduction des huîtres, en montrant chez ces Mollusques bivalves l'existence d'un hermaphrodisme protandrique.
En 1857 Il est l'un des premiers à pratiquer le diagnostic parasitologique par la recherche d'œufs dans les selles
Il découvre les propriétés bactéricides de l'iode, ce qui conduira à l'utilisation d'antiseptiques iodés (solution de Lugol et teinture d'iode).
Davaineidae sont des cestodes (plathelminthes parasites) dont chacun connait Davainea proglottina chez la poule et la limace…
Davaine a été lié d'amitié avec des sommités de la médecine française du siècle dernier : Rayer et Claude Bernard dont il fut à la fois l'ami intime et le médecin, Charcot, Brown-Séquard (qui succède à Claude Bernard en 1878 à la chaire de médecine expérimentale au Collège de France), Vulpian (chaire de pathologie expérimentale et comparée à la suite de Brown-Séquard, promoteur de la première vaccination antirabique de Pasteur au jeune Joseph Meister), Lasègue (à retrouver sur le quizz de Chatillon…) et son biographe Joseph Alexandre Laboulbène (médecin et entomologiste, voir les laboulbeniaceae, famille de champignons de l'ordre des laboulbeniales… ). Il entretint également des relations très cordiales avec Pasteur (Marnes-la-Coquette).
Parmi ses patients figurent des personnages aussi divers que :
Napoléon III ;
Des banquiers : la famille Aguado (banquier espagnol d´abord contre les troupes françaises puis aux côtés de Joseph Bonaparte. Colonel de l'armée française, propriétaire entre autres de château Margaux, mécène de Gioachino Rossini), les Rothschild, les d'Eichthal
Et Alphonsine Plessis, la célèbre « dame aux camélias ». Il fut également très lié avec le compositeur Rossini.
Jean Rostand (Ville d’Avray) dira de lui : « Davaine a su aller très loin. Tout ce début de la bactériologie est sa création propre. C'est donc bien un rang de fondateur et non pas seulement de précurseur qui lui revient. »
En janvier 1869, il épouse Maria Georgina Forbes avec qui il avait eu un fils, Jules, en 1845. En 1871, il publie « Les éléments du bonheur » et se fait construire sa maison à Garches. A partir de 1875 sa santé s'amenuise et l'empêche d'assister aux derniers moments de son ami Claude Bernard. Il décède en 1882 à Garches, sa maison fut léguée en 1891 par sa veuve à l'Assistance publique.
Indices photos
Sydney Bechet (1897-1959)
Sidney Bechet, est mort et inhumé à Garches. C'est à Garches qu'il choisit de passer les dernières années de sa vie, entre 1956 et 1959, dans une villa, rue Frédéric-Clément, après avoir adopté la France dont il disait qu'elle était pour lui, plus près de l'Afrique que ne l'était l'Amérique.
Par le charme des nombreuses villas, au coût souvent prohibitif, Garches continue à séduire les pointures du show-biz, sur les traces d'illustres prédécesseurs :
Coco Chanel, Arletty (née à Courbevoie), Claude Bolling, le Mahatma Gandhi, Van Dongen, Henri Bergson, Gaston Ramon (biologiste ayant mis au point le vaccin anti-diphtérique dans l’annexe de l’institut Pasteur)
L’hôpital Raymond Poincaré de Garches
Michel Brezin serrurier-mécanicien (1758-1828), directeur de l'Arsenal, fit une grande fortune pendant la Révolution française en fabriquant des canons et autres ouvrages pour l'État, en exploitant des forges et des hauts fourneaux en Normandie. Principal fournisseur des Armées Impériales il se retira 1814 dans sa propriété à Garches du Petit l'Etang . À sa mort il fit don de son domaine à l'Assistance Publique qui y bâti l’hospice de la reconnaissance, avant d’y construire l’hôpital-hospice Raymond-Poincaré en 1936, non sans mal, la population criant d'abord au scandale, redoutant la propagation des maladies. Mais la pétition contre l'activité de l'établissement n'aura pas raison du projet de l'Assistance publique. Originellement destiné aux « malades chroniques des deux sexes, à l'exclusion des malades tuberculeux et cancéreux », il deviendra un hôpital de rééducation des poliomyélites, puis s'orientera vers la prise en charge des traumatisés de la route. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les forces allemandes réquisitionnent les villas du nord de la ville et s’installent dans les locaux de l’hôpital de Garches. L’administration décide de réquisitionner l’institution privée Foch renommée pour l’occasion " hôpital temporaire Poincaré-Foch " et y transfère les patients. À la fin de l’année 1945, Raymond-Poincaré est remis à l’Assistance publique et les patients soignés à Poincaré-Foch réintègrent les locaux de Garches.
Peu à peu l’établissement change d’activité médicale : il se dote d’un centre de rééducation pour patients sortis d’un service de chirurgie osseuse, puis d’un centre de traitement et de réadaptation pour les personnes atteintes de poliomyélite, avant de s’élargir aux soins des paraplégiques. Sa réputation est mondiale, grâce aux grands « pontes » de la chirurgie orthopédique qui y pratiquent, comme les frères Judet, dans les années soixante-dix.
En 1996, il conserve sa destination centrée autour de la rééducation, la réadaptation, la réanimation, l’orthopédie et la traumatologie. Il compte 602 lits contre 1 325 en 1960.
Jusqu’à présent, l’hypothèse sur laquelle travaillait l’AP-HP était de construire un nouveau bâtiment sur le site de l’hôpital Raymond Poincaré de Garches, d’y regrouper toute l’hospitalisation aujourd’hui dispersée dans plusieurs pavillons vétustes et de céder une partie de l’emprise de l’hôpital.
Début juillet 2017, il a été annoncé un autre scénario : la reconstruction de nouveaux bâtiments sur le site d’Ambroise Paré, à Boulogne Billancourt, pour améliorer la prise en charge des patients, en renforçant les complémentarités entre ces deux hôpitaux, qui appartiennent déjà au même groupe hospitalier.
Maison DAVAINE:
Sertie de bois , la ville de Garches vit dans un véritable poumon de verdure. A côté du Parc du Cottage (anciens laboratoires Debat), de la Clinique du Château (famille de Saint-Expupéry), citons le Clos Brétigny. Domaine de chasse de Napoléon III, le Clos Bretigny tel que nous le connaissons est créé à la fin du XIXème siècle, issu du lotissement et de la vente de terrains appartenant à André Guillaume diamantaire et maire de Garches de 1888 à 1891.
Commencée en 1871, la maison de Casimir DAVAINE, agrandie par l'acquisition d'un certain nombre de lots vendus par André Guillaume, est léguée en 1895 par sa veuve à l'Assistance Publique pour y créer un « asile pour jeunes filles convalescentes ou de faibles de constitution de toute religion ». L'établissement ouvre le 25 mai 1898 sous le nom de Fondation Casimir Davaine ; il accueille pour une durée d'un mois environ 12 jeunes convalescentes âgées de 4 à 12 ans choisies parmi les patientes des hôpitaux d'enfants malades. Aujourd'hui, le parc Davaine est la propriété du Conseil Général des Hauts de Seine, et la maison de Casimir Davaine est la crèche qui accueille les enfants du personnel de l'Hôpital Raymond Poincaré.
Le Parc Davaine constitue l’un des maillons de l’itinéraire vert reliant le Parc de Saint-Cloud et la forêt de Fausses Reposes au sud (GR1), à la forêt de la Malmaison et au Vallon des Gallicourts au nord.
Le Clos Brétigny est constitué de 4 avenues (Léonce Bucquet, Casimir Davaine, Docteur Gilles et André Guillaume), 58 propriétés, sur une superficie d'environ 7 hectares. Un cahier des charges initial datant du 24 avril 1887 est rédigé dans le but réglementer les constructions et conditions de vie dans le Clos. Le 27 novembre 1978, le cahier des charges du Clos est complété afin de « conserver son caractère verdoyant et aéré » et de « protéger la tranquillité des riverains (…) lutter contre l'accroissement de la circulation de véhicules de non-résidents ». Une association de riverains voit le jour le 30 janvier 1979, pour « défendre l'environnement de calme et de verdure, lutter contre l'infiltration d'une circulation automobile de non-riverains qui apporte bruit et pollution et surcroit de détérioration des chaussées ». Elle fait poser cette même année, à chaque entrée des avenues privées du Clos, les panneaux de sens interdit avec la mention « sauf riverains et services publics ». En 1987, l'association aménage le carrefour Davaine / Guillaume ; c'est la création du rond point du « boulon », dont le but est de ralentir la circulation pour une meilleure sécurité dans le Clos.