Chères Consœurs, Chers Confrères,
L’allocution tant attendue du Président de la République sur la durée du confinement n ‘a pas soulevé de surprises car on devait s’attendre au minimum, à cette date. Par contre, comment rester serein face à la réouverture des crèches, des écoles, lycées et facultés au 11 mai ? Comment imaginer que ces petits qui s’embrassent et sucent leurs doigts, ces classes parfois surchargées, ou ces amphithéâtres bondés puissent respecter les règles élémentaires de la protection et du barrage à l’infection. Tout le monde s’accorde à penser que les établissements scolaires sont un lieu de haute contamination, et les élèves des vecteurs de transmission du COVID 19 ! Il y a dans cette décision du chef de l’état, à nouveau, un paradoxe difficile à comprendre puisque la première mesure de prévention avait justement été la fermeture des établissements scolaires !
Certes l’éducation est nécessaire, certes les parents ont besoin de quelques moments de répit, certes le confinement creuse les inégalités sociales, mais que se passerait-il si au-delà du 11 mai, on assistait à un nouveau pic de pandémie, dont nos propres enfants seraient les vecteurs involontaires ? Il ne faudrait pas sacrifier la Santé de la population à la reprise économique d’un Pays !
Cette crise sanitaire finit par mettre en exergue une multitude de décisions paradoxales et contradictoires qui ne manquent pas de nous interpeller, et justifieront demain, qu’on s’en explique !
L’autre problème est celui de nos cabinets libéraux qui sont désertés par des patients apeurés après les propos démultipliés de nos gouvernants sur le confinement. Certes, la téléconsultation apporte une solution dans certains cas, mais on ne peut imaginer une biopsie, ou tout autre acte technique par visio-conférence : commet rassurer un patient qui nous appellerait pour une douleur du mollet sans demander un Echo-Doppler, ce d’autant qu’on sait aussi que d’une part le COVID entraîne une hypercoagulabilité, d’autre part que le confinement majore la stase, et surtout avec les jambes croisées ! Il nous faut une gestion adaptée lors de la prise des Rendez-vous, et nous avons pour cela des filières « chaudes » (suspectés) et froides (non suspects). Dans les Hauts-de-Seine, nous comptons une 20aine de centres dédiés COVID-19. Des médecins généralistes y font des astreintes en journée et des gardes pour examiner les patients suspects COVID quand la téléconsultation n'est pas suffisante. Cela permet de sécuriser nos cabinets et d'éviter la contamination de nos patients non COVID, cela permet aussi de protéger nos confrères à risques de complications. Tout ce maillage libéral participe à la diminution des risques de contagion et par là-même à l'engorgement des urgences. La quasi-totalité des médecins généralistes a joué le jeu de la santé publique, mais contribue à une diminution d'activité en moyenne de 40%.
Il faudra que quelqu’un ou une structure officielle en prenne conscience !
Je reste à votre disposition et vous assure de mes sentiments les plus confraternels.