Chères Consœurs, Chers Confrères,
Le Premier Ministre vient d’exposer les bases du déconfinement qui, comme nous le pensions, reste un confinement simplement un peu plus permissif. Nous allons progressivement quitter cet état de léthargie pour retrouver un peu de mobilité, restons optimistes et gageons que cette période qui vient de s’écouler nous aura rapprochés un peu plus de la pensée d’Aristote : qui n’a jamais rêvé de rencontrer un reclus, à l’écart du bruit et de l’agitation urbaine ? D’interroger un anachorète pour comprendre les motivations de son isolement et ses arrangements avec la solitude ? Nous venons de vivre une phase d’érémitisme qui est quête d’absolu, il faut réapprendre les gestes d’une vie quotidienne, mais pourquoi ne pas profiter de ces instants, nouveaux et imposés, pour s’adapter à un rythme de vie différent ?
Je suis certain que notre activité libérale va reprendre petit à petit, et que les renforts pour lesquels nous nous sommes engagés spontanément seront de moins en moins nécessaires. C’est donc le moment de réapprendre à vivre !
Les mesures barrières seront désormais notre préoccupation majeure dans le soin apporté à nos patients. Chacun sera doté de masques désormais, dont l’usage est mixte : à la fois pour protéger le soignant, et donc individuel, mais également collectif, civique et collégial afin que nos « aérosols » ne soient vecteurs de contamination. A propos des masques, je précise encore une fois à l’intention de tous ces confrères qui s’imaginent que l’Ordre est une usine de fabrication ou de distribution que nous n’en n’avons disposé que d’une quantité minimaliste, grâce à la générosité du Conseil Départemental de Paris, et qu’il appartient à chacun de vous de vous rapprocher de votre proche conseiller ordinal, sur le terrain, pour en obtenir quelques-uns !
La distanciation est une mesure à laquelle il faudra veiller et s’adapter également : la prise des rendez-vous de façon à ce que les patients se croisent le moins possible, limiter le nombre de places assises dans la salle d’attente en y supprimant les revues et magazines pour les remplacer par un flacon de gel hydroalcoolique. La désinfection des locaux sera nécessaire plusieurs fois par jour. Le problème sera celui de l’examen clinique mais il n‘est pas grand-chose finalement à côté de ce rapport humain qui devient « masqué » et « distant » ! Pas nos mots et notre regard, nous trouverons sans doute l’usage nécessaire au rapport humain, altruiste et généreux qui est l’ADN de la relation « médecin-malade »à laquelle nous sommes tous si attachés.
Enfin, nous sommes en attente des dépistages sur lesquels je reviendrai prochainement, n’ayant à ce jour pas d’information officielle. A l’intention de tous les éventuels confrères grincheux, je pense qu’il est inutile de nous accuser de ne pas disposer de ces précieux tests !
Nous entrons dans une nouvelle vie, et je suis certain que nous trouverons chacun à notre rythme les armes de la résilience pour faire de nous des médecins encore meilleurs, encore plus appréciés et toujours avec le même dévouement.
Je reste à votre disposition et vous assure de mes sentiments les plus confraternels.